Se voir en photos et sentir l’émotion déferler.
Comme si, enfin, on laissait tomber les armes face à ce corps trop souvent détesté. Accepter ce qu’il est, prendre conscience de sa beauté.
- Quand je les ai vues pour la première fois, je me suis dit ‘Wahou, elle a raison, c’est trop beau !’ Je n’arrive pas à le dire… mais oui, je me suis vue belle sur plein de photos. (...) Sauf en ce qui concerne les nus...
Mon rapport au corps est difficile, dit-elle, pas heureux.
- En fait, c’est plutôt récent. Il y a quatre ans, pour différentes raisons, j’ai pris du poids que je n’ai jamais réussi (ou pas vraiment essayé) de perdre. Et je le vis très mal. (…) Et après, pour plein d’autres raisons, ça m’allait bien aussi de garder ces kilos…
"C’est comme si je ne m’autorisais pas à prendre soin de moi."
Que vois-tu dans ce corps, je lui demande.
- J’aime beaucoup mon corps parce que je sais qu’il est vachement résilient et fort, mais me regarder dans la glace, c’est un autre sujet.
Le ventre, surtout.
Réservoir d’émotions. Zone de turbulence sismique pour les hypersensibles.
Lorsqu'on nous en avions discuté, elle m'avait demandé une séance photo sur la dualité, "l’ombre et la lumière" présentes en chacun de nous. Et comme à chaque fois, je suis assez bluffée de voir que la thématique, définie en amont puis mise de côté (une séance photo est véritablement une improvisation sur l’instant), finit toujours par s’imposer dans le résultat final.
A 35 ans, dans une période de vie chaotique, elle se pensait rattrapée par sa part d’ombre, avec "l’impression de tout le temps ramer, de ne pas y arriver". Et pourtant :
- En regardant ces photos, j’ai l’impression qu’il y a beaucoup de lumière, dit-elle, et plus j’avance, plus je me dis que cela fait partie de moi.
Pendant quinze ans, "dans tout mon parcours dans l’hôtellerie et la restauration, où j’ai testé tous les métiers possibles et imaginables, et tous les types d’établissement, clairement j’ai cherché ma place".
Lorsqu’elle s’est mise à son compte en tant que cheffe à domicile, il y a quatre ans, cela a été à la fois une source de stress et de délivrance. Elle a alors commencé un "travail" sur elle en découvrant ses blocages par rapport à l’argent (le fléau des auto-entrepreneurs passionnés).
- Puis j’ai passé deux ans à chercher ma cuisine et quand je l’ai trouvée, je n’avais plus envie de faire ça, c’est assez bizarre…
Aujourd’hui, avec un nouveau projet professionnel en développement, "ma place, je suis en train de la trouver petit à petit, je me connais beaucoup mieux, et en ça c’est une victoire".
Elle voit le chemin qui l’attend, ce qui la fait vibrer.
Et avec ça, la peur de ne pas réussir, le sentiment d'illégitimité, des résistances à lancer sa nouvelle activité, à oser. Mais aujourd'hui, elle a compris qu'il y aura toujours des moments difficiles, "sauf que maintenant, j'ai l'expérience pour les transmuter beaucoup plus rapidement !".
Elle a appris à vivre avec ses zones d'ombres.