C’est arrivé comme ça, d’une seconde à l’autre, "j'étais allée prendre un apéro avec des copines sur un bateau, et je n'ai plus jamais touché la terre ferme".
La sensation d’être en pleine mer est restée.
Cela fait deux ans que Tamara vit avec le syndrome du Mal de Débarquement. Au quotidien, c’est un tangage permanent dit-elle, accompagné d’un épuisement chronique, de troubles cognitifs, de perte de mémoire, d’un brouillard cérébral.
Deux ans après, un diagnostic a enfin pu être posé, mais comment vit-on avec une maladie incomprise, invisible, qui ne trouve pas de remède ?
Les premiers mois, "le corps déglingue tellement que je luttais contre les symptômes, et c’est très compliqué même au niveau psychologique car ça t’épuise". S’ensuit une recherche effrénée de solution pour cette situation dans laquelle elle peut s’estimer victime. "J'ai tout essayé, des trucs les plus obscurs et alternatifs aux trucs les plus classiques, et dès qu’on me disait 'Tiens, je connais un magnétiseur, il a aidé trop de gens !’ j’y fonçais, mais absolument rien n'a donné un résultat concret."
"J’étais en colère au début et je ne voulais pas apprendre à vivre avec ce que cette nouvelle vie demande. Je voulais rester la Tamara hyperactive qui travaille à 120%, qui sort les soirs boire des coups avec ses copines, qui dort quatre heures et qui est au taquet le lendemain matin." Mais la réalité, c’est que ça lui demande une énergie qu’elle n’a plus.
Ne pas chercher une réponse à l’extérieur de soi, afin de ne plus être dans ce sentiment d'injustice, "je pense que c’est ce qui demande le plus grand travail". Les ressources sont à l’intérieur, dit-elle.
"Je peux dire aujourd’hui que ça m’a apporté des choses, vraiment. Et surtout ça m’a connecté à moi : tu te vois dans une vulnérabilité qui est telle que tu es obligé de te connecter à ton être à un moment donné, et de t’accompagner, parce que soit tu luttes et tu te détestes et tu détestes le monde entier, soit à un moment tu te dis ‘Bon je me tends la main et là je vais m’accompagner’. Et ça c’est le passage le plus difficile et le plus essentiel aussi..."