Lorsque le froid annonce Noël dans l’hémisphère Nord, la saison estivale s’installe à Madagascar. Ici, l’été austral rime avec pluie et forte chaleur, voire cyclones.
Dès le mois de novembre, la mer devient agitée et les vagues ne permettent plus aux petites pirogues de naviguer. Sans en connaître les causes ni le fonctionnement, les pêcheurs subissent déjà le changement climatique. Le vent souffle beaucoup plus fort qu’avant constatent les plus âgés, ce qui réduit considérablement le nombre de jours passés en mer à pêcher. Et puis, les ressources marines diminuent.
Certains jours, jusqu’à quatre chalutiers-crevettiers longent la côte en traînant des filets de cinq mètres de haut et dix mètres de large, sur deux à trois kilomètres. Ils franchissent trop souvent la limite règlementaire et laissent dans leur sillage matériel brisé et ressources amoindries. Il y a quelques jours, Abdo, ami pêcheur et piroguier occasionnel, s’est fait attraper l’un de ses filets d’une valeur de cent euros ; la perte est douloureuse pour qui le prix de palangres ou filets perdus équivaut à deux semaines de revenu.
Qui plus est, une fois leur butin à bord, ces bateaux passent par une étape de tri ; crevettes et poissons de choix au congélateur, le reste des prises considérées sans intérêt est rejetée à la mer, sans vie.
Alors, quand la mer est trop mauvaise et le poisson rare, les petits pêcheurs s'aventurent vers ces bateaux pour récupérer du poisson congelé (!). Maigre dédommagement pour le pillage des fonds marins et les dégâts causés à leurs matériels...
Extrait de Les Vezo du littoral sud-occidental de Madagascar :
"Le groupe Vezo fait partie des communautés autochtones de l’ouest malgache. Ce terme représente un ensemble de populations, qui vivent le long du littoral de la côte ouest, de l’activité de pêche en mer laquelle a fortement marqué de son empreinte les traditions et les cultures de ceux qui vivaient sur place. [...] Ce sont des groupes semi-nomades de pêcheurs, à la différence des autres habitants qui se sont installés à l’intérieur des côtes et ont vécu de l’agriculture et de l’élevage des bœufs. [...] Ils ont cultivé une certaine autonomie autour de leur activité de pêche, ce qui leur a conféré une forme de marginalité socio-spatiale."
Suite à cette expérience, j'ai écrit et publié mon premier livre, Les promesses suspendues (2023).